03/01/07
Ce matin, évènement
sensationnel, de portée internationale : non, non, il ne s’agit pas de l’exécution
de Saddam Hussein, c’était la semaine dernière. Vous ne devinez pas ?
Nous avons eu du
soleil ! Un grand beau ciel bleu ! Cela faisait bien 3-4 jours que ça
n’était plus arrivé. De la pluie, de la pluie, et encore de la pluie. J’exagère
un peu. Entre deux pluies, nous avions parfois une averse, ou un orage.
Tout était mouillé. Nos
fringues puaient l’humidité, avoir une serviette sèche était impossible. Mes
outils rouillaient, les serrures se grippent, Big Mama souffrait…
Nous avons fait 190 km de
route vers Choma, étape intermédiaire vers le lac Kariba.
Nous avons eu la joie de
nous faire arrêter par la police zambienne. Nous sommes repartis avec un joli
papier et 54 000 kwechas (10 euros) en moins. Motif : pas de
triangle. J’hallucine !
Nuit dans une ferme, sur un camping sans intérêt. Il fait frais.
05/01/07
Hier, nous nous sommes
dirigés plein sud après un bref arrêt logistique à Choma. Plein sud vers le lac
Kariba.
En chemin, nous nous faisons
contrôler par les flics. « Avez-vous un triangle ? » Et la, nous
avons répondu en cœur « OUIIIIII !!! Nous venons de l’acheter,
vous voulez le voir ?»
Ils ont du se passer le mot
à la radio. Le gars, même s’il a souri, avait visiblement l’air déçu.
Nous avons aussi acheté de
vrais beignets africains, des petites bananes savoureuses. Ca nous a fait notre
déjeuner.
La route menant au lac
descend un escarpement. Collines, montagnes, villages, verdure à gogo… Forêts,
cultures, bananiers, papayers… Les gens nous saluent, les enfants appellent,
les chèvres et vaches traversent juste devant nous et il faut freiner. De beaux
et gros baobabs semblent nous accompagner dans notre périple, comme des totems
immuables posés là pour qu’on puisse les admirer en passant.
Nous arrivons à un camping
au bord du lac. Très beau le lac. Pas beau le camping. Un autre camping un peu
plus loin. Pas beau non plus. Retour en arrière de 17 km. Et 60 km plus loin,
après plus d’une heure de piste pénible pour les 30 dernières bornes, nous
arrivons à destination.
Le clubhouse, superbe. Un
camping mignon avec des petits bungalows de lilliputiens, mais pas cher. C’est
tenu par une italienne. Le bar et la piscine dominent le lac, ou il vaut mieux
ne pas se baigner. En plus de la bilhardioze, c’est infesté de crocs et
d’hippos. D’ailleurs, nous avons pour voisins la plus grande ferme de
crocodiles du Nil au monde. Enfin, c’est ce qu’ils disent. En tous cas, c’est
sur et certain, c’est infesté de crocodiles.
vue du lac depuis le clubhouse
Nous nous installons dans un
bungalow. Le grand luxe, quoi. Il fait beau, ciel bleu, la vie est belle.
Ce matin, après une grasse
matinée bien méritée (ne demandez pas pourquoi)… enfin disons plutôt vers midi,
nous n’avons rien fait. Puis, après avoir bien glandé intensément, nous nous
sommes décidés à aller faire un tour au bord du lac.
Belles trace d’hippos.
Rester bien à l’écart du bord à cause des crocs. Je crois même en avoir vu un
tout petit, qui s’est réfugié dans les hautes herbes.
Un peu plus tard, alors que
nous étions décidés à passer un moment de labeur intense dans les chaises
longues, au bord de la piscine, la patronne est venue nous proposer une ballade
sur le lac, sur une sorte de gros bateau à fond plat. Nous nous sommes donc
résignés à la suivre, à contre cœur.
Le lac Kariba… C’est
immense. Plein d’îles, ex collines et montagnes isolées par la montée des eaux,
lorsque l’homme a inondé la vallée. Aux abords des rives, des milliers d’arbres
morts, blanchis et secs, pointent leurs branches nues et cassées hors de l’eau,
témoignages tristes d’une forêt disparue.
Des barques de pécheurs, des
oiseaux, dont les célèbres aigles pécheurs (traduction de l’anglais. Le nom français,
c’est pygargue vocifère, mais c’est imprononçable)
Sur les îles, des impalas,
des élands du cap, des gnous, des antilopes roannes, des hippotragues noires.
Parfois si on a de la chance, on peut même voir des éléphants ; ils nagent
d’île en île. Ils viennent du Zimbabwe, d’ou ils fuient le braconnage.
L’orage gronde au Zimbabwe.
Ca vient vers nous. Nous revenons au coucher du soleil. La pluie ne tarde pas à
arriver.
Bonne nuit…
09/01/07
Le 6/1. Lors d’un déménagement de notre bungalow vers le camping, Manue
a réussi à enliser la voiture, alors qu’il n’y avait que 100m à peine à faire. Mais
son prince est arrivé sur sa monture blanche, il pris le volant, et a demandé à
la belle d’aller patauger dans la boue et de pousser la bagnole … La manœuvre
du sauveur a bien évidemment fonctionné.
Les méthodes africaines sont
décidément très efficaces.
Le 7/1. Nous avons quitté le lac Kariba et ses eaux orageuses.
La piste était beaucoup plus
abîmée qu’à l’aller, vu les trombes d’eau qui étaient tombées. Mais Big Mama
s’en est sortie sans problèmes.
Toujours aussi jolis
paysages.
Lunch, bananes et beignets
achetés au bord de la route par Manue avec rires et mimes.
Puis nous avons enfile les
300 km de goudron qui nous séparaient de Lusaka. Nous sommes arrives au camping
Eureka en fin d’après midi. Arrivée remarquable…
Des zèbres, des buffles, des
impalas, des cobs… Ils avaient envahi le camping, et nous avons monté notre
tente à quelques mètres d’eux. Extra !
Pourtant, le camping n’est
qu’à 10 km de la capitale, mais la réserve privée du camping est bien fournie.
Dans la soirée, alors que
nous venions de nous coucher, c’est un pet tonitruant qui est venu introduire
un quiproquo tue-l’amour…
« C’est toi ça ? »
C’était un impala à 1 m de
la tente.
Ce soir là, nous avons aussi
fait la connaissance de Gary, un blanc zimbabwéen avec un vieux land cruiser
encore plus antédiluvien que le notre. C’est d’ailleurs cela qui nous a
rapproché au départ.
Gary a été guide safari
(chasse et photo) une bonne partie de sa vie. Il a quitté son pays voici 6 mois
pour s’installer en Zambie. Au Zim, la situation était devenue trop intenable
pour lui.
C’est un personnage
attachant, usé avant l’age, une âme perdue.
Ses plans en Zambie ont
échoué, et il se tourne maintenant vers le Mozambique. Nous émettons d’ailleurs
l’idée d’y aller ensemble.
Je me suis alors dit que si ça
continue comme ça, et si touts les réfugiés blancs d’Afrique australe ont eu la
même idée, c’est à la tête d’un véritable convoi de colons sur Land cruisers
que nous franchirions la frontière du Mozambique.
Hier, nous
avons passé la majeure partie de notre temps à Lusaka, dans un centre
commercial moderne.
Lusaka est comme beaucoup de
capitales africaines. Quelques gros immeubles au centre, dont certains
peut-être abandonnés, et en tous les cas très mal entretenus, de la pollution,
des trottoirs un peu défoncés, un trafic impressionnant. Sur ce dernier point,
le gabarit de Big Mama est un avantage déterminant.
Du monde partout. Et des grands
marchés par ci par la, ou tout est rien s’achète et se vend.
Aujourd’hui,
c’est d’ailleurs dans ces marchés que nous avons passé la majeure partie de la
journée.
Moi, je fais mon blasé, mais
Manue est émerveillée par tout ce qu’elle voit, cette ambiance. Elle se sera un
peu lâchée, d’ailleurs, niveau shoping.
Quelques grandes premières,
d’ailleurs, pour Manue. Premiers taxis collectifs urbains, premières
négociations prés d’égouts aux effluves délicates, tout en couleurs et rires
malgré tout.
C’est génial ; car sa
première expérience sur un marché africain, à Livingstone, s’était assez mal
passée. Probablement un malentendu. Et là bas, il y a trop de touristes. Les
rapports sont un peu malsains.
Aujourd’hui, nous n’avons
pas vu d’autres blancs de la journée. Alors que nous nous baladions, nous
entendions en permanence cet étonnement : M’zoungou ! Des blancs !
11/01/07
Hier.
Réveil plutôt tranquille ; Gary bien plus matinal que nous part pour le Zimbabwe
pour des histoires de papiers, et donc ira au Mozambique via le Zim. C’est plus
court pour lui. Nous le recroiserons très certainement au détour d une piste Mozambicaine.
Notre programme à
nous : aller au zoo du coin, ou il y a trois lycaons (chiens sauvages). J’avais
très envie de les voir mais impossible ! L’herbe est trop haute et il fait
trop chaud. Ils restent planqués sous un tronc d’arbre, bien au frais.
lion castré donc sans crinière
Visitons le jardin botanique
du zoo, très joli. Puis nous filons pour Lusaka pour un dernier coup d'internet
et les courses avant de reprendre la route.
Route magnifique de plus en
plus escarpée, très vallonnée très verte et boisée ; plein de villages de
part et d autre de la route. Du monde, de très beaux tissus portés autour de la
taille en guise de jupe par ces femmes très belles. Elles portent sur la tête des
charges énormes et bien sur dans le dos le dernier né. C’est l Afrique.
Beaucoup de kilomètres pour
arriver dans un camping en bordure de la rivière Luangwa. En face, c’est déjà
le Mozambique.
Petit endroit très joli ou
nous sommes seuls et nous nous installons sous le seul abri tout équipé. Mais voilà qu’après environ deux
petites heures pénards, un énorme camion plein de touristes, nous demande de
nous pousser afin de partager l’espace. Je vous passe les détails sur mon
enchantement et mon envie de partager avec eux. Nous finirons par complètement
nous pousser et aller plus loin.
Ce matin c
est avec douceur, calme et respect que ces c-------s se lèvent, déjeunent et
plient leur camp. Bien sur, je peste
plus que jamais, à tel point que je me lève et me voilà partie pour 40 minutes
de footing, très efficace. Georg m’étonne de par son calme, il m’énerve même
tellement il est calme.
Nous voici repartis pour une
journée de route encore très jolie, avec en plus des inselbergs. Ce sont de
gros massifs granitiques qui sortent du sol. Nous nous arrêtons dans un village
pour acheter des bananes et des beignets, qui en se moment constituent nos
lunchs de routards. Escapade très sympa au milieu des gens qui hallucinent un
peu de voir des blancs (muzungu) s’arrêter ici. Les gens rigolent avec nous et
c’est sympa.
Ce soir nous sommes à
Chipata dans un camping ou il y a encore un gros camion d’overlanders, mais le
camping est grand alors nous sommes loin d eux.
Au menu de ce soir, des pâtes,
mais je me suis trop lâchée sur l’ail.
Il fait un peu frais ce soir
et Georg s’est brûlé le pouce en faisant le feu, et oui le charbon c est chaud !!!
La nuit sera bonne.
Manue
12/01/07
Hier soir, nous nous sommes
endormis sous un ciel magnifiquement étoilé, dans un camping ombragé sous des
rangées de beaux arbres genre tek. Cela nous faisait du bien, de se coucher
sans la perspective d’un déluge nocturne.
Patatras ! Voila qu’en
pleine nuit, une bonne douche zambienne nous a rappelé à la dure réalité de la
saison des pluies.
C’est donc dans une marre de
boue et de grenouilles que nous avons fait nos premiers pas ce matin. Quel
plaisir.
Puis, en cherchant nos
affaires de douche dans la voiture, ce sont des piqûres persistantes qui nous assaillirent :
des grosses fourmis. Nous avions beau leur taper dessus, même mortes - aplaties
- plus écrabouillées que ça tu meurs- elles ne lâchaient pas prises.
Après avoir mis tout le camp
a sécher au soleil (et oui !), nous nous sommes alors payés un petit
déjeuner bien costaud afin de nous consoler.
Juste avant que la pluie ne reprenne,
nous avons remballé le camp et nous sommes partis pour la ville toute
proche : Chipata.
De Chipata, ou nous avons
fait dans cette petite ville vibrante d’activité et de changeurs au noir, nous
nous sommes dirigés vers la frontière avec le Malawi.
Depuis, du monde, du monde,
du monde…
C’est qu’en Zambie, il y a
bien des gens aux abords des grands axes, mais on devine qu’au delà des abords
de la route, il n’y a plus grand monde.
Depuis Chipata, et depuis
notre passage au Malawi, c’est très peuplé. Tout le temps du monde à pied, en
vélo, en char à bœuf, assis sur le coté à regarder béatement passer Big Mama.
Beaucoup de vélos. Enormément de vélos. Il faut vraiment faire très attention
aux gens, en permanence.
La route goudronnée est surprenement
bonne, d’ailleurs.
Le paysage change lui aussi
radicalement. Tout est cultivé. Alors qu’en Zambie, nous voyions de vastes
forêts clairsemées.
Ici, ce sont des montagnes,
et non de grandes collines ou de petites plaines propices à l’agriculture
intensive, comme en Zambie. Plus de forêts. Que des petits champs de mais et de
tabac à perte de vue, jusqu’aux moindres flancs escarpés.
Ah ! J’oubliais… Une
averse du tonnerre. Nous ne voyions plus rien. Nous avons presque dut nous arrêter.
A Lilongwe, la capitale,
nous nous sommes arrêtés dans un centre commercial moderne, nickel, à
l’occidentale. Incroyable, ici, dans ce pays réputé des plus pauvres au monde.
Nous nous y sommes baffrés une pizza. C’est que nous en avions très envie. A
Lusaka, nous en avions cherché un soir. Mais nous étions rentrés bredouilles
après 20 km de route et de détours.
Le soir tombant, nous nous
sommes dirigés vers le lac Malawi. Paysage magnifique de montagnes au soleil
couchant. Nous étions à la même hauteur que les nuages teintés d’orange, rose
et rouge... La lumière était irréelle. Nous entrions et sortions des nuages, et
il semblait que nous naviguions entre eux un peu comme dans un avion. Tout
était très vert. Vert et rouge. Rouge comme la terre, la pierre, et les briques
des maisons.
Arrivée de nuit au bord du
lac Malawi, à Songa Bay. Nous désirons nous épargner le camping, et prendre une
chambre. C’est cher pour ce qu’on nous propose, et nous faisons plusieurs
lodges et hôtels avant de trouver quelque chose de potable et sympa avec une
belle salle de bain… Un lodge tenu par des hollandais. Ils fêtent
l’anniversaire du patron. Notre chambre n’est pas prête. C’est le bordel.
Enfin ! Une nuit au sec
avec de l’espace… Mais dans nos draps tout de même, ne faisant pas confiance à
l’hygiène locale.
14/01/07
Hier matin, nous avons pris
notre petit déjeuner du haut d’un promontoire dominant le lac. C’est grand. Le
lac se perd dans l’horizon. On entend les vagues qui se brisent sur la plage.
Des massifs granitiques sortent de l’eau. Ca rappelle un peu le sud de la Thaïlande.
Je suis descendu sur la
plage. Il y avait des martins pécheurs et des cormorans qui guettaient la
surface l’eau.
Nous sommes partis vers le
nord. Beaucoup de villages, de gens. C’est moins riche (ou plus pauvre) que le
Malawi que nous avons vu hier. Beaucoup plus pauvre et peuplé que la Zambie. Là
bas, nous admirions les couleurs vives et les beaux vêtements. Ici, les gens
sont mal habillés. Ils portent ce qu’ils peuvent.
Les troupeaux de chèvres et
de vaches sont petits. Quelques animaux adultes. Beaucoup de chevreaux et de
veaux. Les bêtes adultes sont mangées avant de pouvoir vieillir un peu.
C’est comme les gens,
d’ailleurs. Peu de vieux. Beaucoup de jeunes et d’enfants. Tous minces et
costauds. Souvent très minces.
Certains enfants ont peur de
nous. Ils n’ont pas l’habitude des blancs.
Nous évoluons dans la plaine
et les collines du littoral. Ca bosse dur dans les champs. De plus en plus de
rizières et de cannes à sucre.
Les enfants se baignent et
jouent dans les flaques de boue.
Les abords du lac sont
roses, puis noirs vers le large. Les pluies ont lavé la terre et les rivières
de boue se sont déversées dans les eaux normalement. En face, de l’autre coté, des montagnes : le
Mozambique.
Nous nous arrêtons dans un
petit lodge sympa, avec une belle particularité : des poteries. Ils font
de tout, de toutes les couleurs. C’est très beau, ce qu’ils font ici. Et très
inattendu.
Paiement par CB et
Mastercard accepté. Tarifs de colis vers tous les continents. Ils exportent
dans le monde entier.
Ici ! Au bord de ce bout du monde, au bout
d’un mauvais sentier 4*4 de 4 km…
Aujourd’hui, journée calme…
Nous avons larvé jusqu’à midi. C’est très agréable d’être bercé par les vagues
(et la pluie, certes), à 50m de la tente.
Les pécheurs naviguent sur
leurs mokoros. Les troupeaux de vaches défilent sur la rive.
J’ai passé l’après midi sur
et sous la voiture. Petite révision de routine et serrage général de boulon. Au
cas où… Manue, de son coté, a lavé nos caisses de bouffe et de vaisselle, qui
en avaient bien besoin.
Manue s’est plongée avec
résolution dans l’Assimil du portugais. Aujourd’hui, ça fait un mois qu’elle a arrêté
de fumer. BRAVO !!
16/01/07
Avant-hier soir, et toute la
nuit, ce fut un déluge ininterrompu qui s’abattit sur le Malawi. Enfin, du
moins sur notre partie à nous. C’est très embêtant, la pluie, quand tu fais du
camping. Y’a toujours le risque d’une fuite.
Lorsqu’il faut sortir de la
tente pour un autre genre de fuite, on patauge dans la boue, ça éclabousse, on
est mouillé. Après, de retour dans la tente, il faut faire attention à ne pas
ramener trop de boue avec soit, dans les draps… Vive les lingettes !! Et
puis il y a toujours ce brin d’herbe coincé entre deux orteils qu’on n’avait
pas vu. On le voit toujours ce brin d’herbe, mais quand on est à nouveau bien
au chaud sous la couette… Et qu’il faut donc en ressortir.
Mais en l’occurrence, ces
petits soucis ne nous concernaient pas ; étant donné que nous avions monté
la tente sous un vaste abri très sympa et… étanche… Na !
Au fait, je parle de draps,
de couettes … Et ben ouais ! Car nous ne dormons pas en sac de couchage.
Nous disposons d’une logistique technologique de pointe et high tech,
nous !
Nous avons un roll-bed. Un
roll-bed, c’est un matelas (en l’occurrence deux places) dans une bâche qui
s’enroule comme une sorte de gros gâteau roulé. Là dedans, tout prêt à
dérouler, il y a deux oreillers, un drap housse, un drap… et une couette pour
les nuits fraîches des saisons des pluies africaines. C’est étanche, facile à
transporter, remballé en 30 secondes, et surtout déballé et prêt à l’emploi
tout aussi vite. C’est un peu encombrant, certes, mais Big Mama est vaste.
Hier, donc Manue s’est mise
à la poterie. Moi, je bricolait un peu Big Mama, niveau étanchéité, alors j’ai
pas vu tout ce qu’elle faisait.
Mais à chaque fois que je
suis allé la voir, elle avait l’air de beaucoup s’amuser. Avec un tour du
potier électrique, elle façonnait des boules d’argile. Puis elle les jetait sur
un plateau à coté.
Sur le plateau, il y avait une
belle tasse : le modèle façonné par le gars qui avait montré comment faire
à Manue. A Coté, il y avait un truc difforme vaguement ressemblant, mais c’est
génial ! Bravo Manue ! Continue !
A coté de son œuvre, les…
essais moins concluants s’accumulaient.
A chaque fois que je venais,
il y avait de moins en moins de boules dans le sceau, de plus en plus de blobs
sur le plateau, et de plus en plus d’argile sur le front et dans les cheveux de
l’artiste. Ca faisait de plus en plus
masque comme ils font dans les spas…
Hier soir, très beau coucher
de soleil sur le lac.
Ce matin, nuit sans pluie,
et au joie !!! Grand beau temps !!! Ce grand beau temps ne nous aura
pas lâché de la journée.
Nous avons repris la route
vers le nord. Toujours de très beaux paysages. Les grandes plages de sable
blanc du lac… Les petits villages un peu partout… Les gens qui marchent, qui
travaillent, qui glandent, font du vélo… Partout, partout, partout !!!
Femme qui porte un sac sur la tête
enfants qui rentrent de l'école
C’est tout de même sacrément
pauvre. Et le pays donne l’impression de s’être appauvri. Dans les cimetières,
les anciennes tombes sont en ciment. Les plus récentes ne sont que des trous
dans la terre, avec une pauvre croix de bois. Les Eglises et les mosquées sont
mal très entretenues, très dépouillées, voire à l’abandon.
Les gens sont sympas et nous
font des coucous ! A force, on se fatigue un peu d’en faire constamment.
Les gens s’arrêtent sur leur chemin et nous sourient. Sont ce nos Afrique
peintes sur notre coffre sur le toit qui provoquent cette sympathie, ou les
habitants de ce pays sont-ils naturellement ainsi ? Peut être ne sont-ils
pas tous simplement habitués à voir défilé un attelage pareil.
Il faut dire qu’il n’y a pas
d’autres touristes. Les rares autres blancs que nous apercevons sont soit des
volontaires, soit des résidents. Ce n’est pas la saison, pour les touristes.
Mise à part quelques esprits obtus, ils viennent quand il ne pleut pas.
A midi, nous avons mangé
dans un beau lodge sur une colline. Il dominait une grande plaine bordée d’une
plage de sable blanc. Le lac était dans les tons bleu marine à vert émeraude.
Les aigles passaient au dessus de nous. Des nuages d’insectes se déplaçaient
sur le lac, à l’horizon.
Ce soir, nous dormons à 15m
des vagues, dans une petite hanse magnifique. On se croirait en Thaïlande. On
ne voit pas l’autre rive.
Le sable blanc, les rochers
qui sortent de l’eau…
On est pas bien la ?
20/01/07
Cette nuit la, dans la
tente, nous fumes réveillés par une lampe braquée sur nous. Réveil instantané. Adrénaline.
Le gars parle d’une voix rauque. C’est agressif. Nous nous tenons l’un l’autre,
complètement flippés. Après quelques secondes, nos esprits s’éveillent, et nous
entendons son mauvais anglais. « Je suis le veilleur de nuit ! Pas de
problème ! Tout va bien ! »
Il s’en va. On se calme un
peu. Après quelques minutes, je trouve le courage de sortir, et d’aller voir si
tout va bien du coté de Big Mama.
Ce jour la, donc, nous
sommes partis vers Mzuzu, la capitale du nord du pays. Mzuzu est réputée pour
son marché et pour son café.
Cette ville est perchée sur
un plateau dans les montagnes. Très joli paysage, champs, villages.
femmes portant des sceaux sur la tête
paysage avant d'arriver à Mzuzu
Arrivés à Mzuzu, un peu de
logistique (change, essence, internet qui ne marche pas), et déception. Cette
ville n’a pas évolué depuis des années. Elle semble attendre que quelqu’un
quelque part pense à envoyer quelques palettes de peinture et de crépi.
Les quelques commerces intéressants
sont aux mains des indiens, plus qu’ailleurs au Malawi et en Zambie. Ils sont
d’une sympathie toute namibienne. Ca nous rappelle le pays…
Le marché n’est pas génial.
Manue, prise de passion depuis Lusaka pour les couleurs et motifs africains,
dégotte tout de même quelques beaux tissus. Nous faisons aussi le plein de
café, bien évidemment. C’est qu’il est bon, le café, dans ce pays.
Nous redescendons vers la
cote, et nous nous rendons à Nkhata Bay, un village de pécheurs assez
touristique (à l’échelle du Malawi). Nous nous installons au Mayuka Village, un
backpacker installé à flanc de colline. L’endroit est très sympa. L’équipe est accueillante,
souriante, avenante, pleine d’humour. Nous prenons un petit bungalow simple
mais bien tenu avec vue sur le lac… ce qui n’est pas difficile, car 2 mètres en
dessous, c’est le lac… Terrasse à l’ombre des manguiers et des figuiers
étrangleurs… Le seul défaut de l’endroit, ce sont les escaliers. Il y’en a
partout, et des bien raides. Aller aux toilettes, au bar, sur la grève,
nécessite un effort qui force l’anticipation, ou la patience…
Le pire, c’est la voiture,
sur un parking au dessus de nous. Y aller, c’est la suée assurée, surtout avec
la chaleur et la moiteur du lieux.
C’est plein de fourmis
partout. Et d’araignées. En général, c’est Manue qui attire les moustiques.
Mais là, c’est moi qui passera une partie de mon temps à tuer et chasser les
petites bêtes à 6 ou 8 pattes. Il y a d’ailleurs un truc qui m’a piqué à la
paupière. Ca a bien enflé et ça me gène un peu. Quand les gens nous demandent
ce qui m’est arrivé, nous répondons que c’est Manue qui me cogne la nuit parce
que je ronfle. C’est toujours délicieux, ce petit moment d’hésitation qu’on les
gens avant de comprendre si c’est du lard ou du cochon.
Avant-hier, donc, nous nous
sommes rendus en ville. Manue est allée dégoter un petit tailleur pour nous
faire deux sacs, et pour se faire faire une robe dans les tissus africains. De
mon coté, je suis allé trouver un garagiste dont on m’avait parlé, le seul du
bled. J’étais peu convaincu lorsqu’il a entamé de permuter mes roues dans la
rue, devant tout le monde. Ca faisait du spectacle pour les passants. Il
m’assurait avoir un garage, et je ne comprenais pas pourquoi on n’y allait pas.
Puis, il m’amena au
« garage » (workshop). C’était effectivement à 100m. Et il était vrai
qu’il y’avait moins de place que dans la rue. En fait de garage, il s’agissait
d’une échoppe boueuse coincée entre des vendeurs de pommes frites et des
arrières cours d’étalages du marché. Dans la boue, évidemment, comme tout le
reste de ce charmant petit village.
Il fallait faire une
soudure. Là, j’ai été impressionné : l’appareil de soudure à l’arc fait maison, bobines à l’air, câbles de
récup qui traînent dans la terre et tout et tout… Et le plus incroyable, c’est
que ça marche. C’était pas incroyable comme bouleau : souder une pièce de métal
sur un écrou qui refusait de s’ouvrir, mais qu’est que c’est beau, la débrouillardise
africaine !
Hier matin, nous sommes
allés récupérer les tissus chez le tailleur. Pour les sacs, 2-3 retouches, et
le résultat était honorable. Pour la robe, Manue était particulièrement déçue.
Elle ne s’attendait pas, certes, à un travail mirobolant, mais tout de même pas
au massacre que nous avons constaté. On a payé le gars, et nous sommes partis
un peu dépités. L’Afrique, ce n’est pas toujours ça…
Hier après midi, nous avons
loué un canoë, et nous sommes partis pagayer un peu le long des cotes. Nous
nous sommes régalés. Nous avions pris des masques, palmes et tubas, et nous
avons plongé un peu dans les rochers prés des rives. Très joli. Des poissons
bleus, jaunes, roses, rouges, dans une eau limpide, chaude. Très impressionnant
pour un lac.
Hier soir, il y’avait un
grand barbecue. On s’est bien rempli la panse, malgré les quelques problèmes de
transit intestinal que j’ai connu ces derniers jours.
Nous y avons rencontré Allan
et Diane, un couple germano-sudaf revenant du Mozambique. Ils sont très déçus
de leur expérience là bas. Ils travaillent sur des bateaux de plaisance, et ils
cherchaient un petit coin pour s’installer, pour vivre ensemble (ça rappelle
une autre histoire, ça, non ?). Corruption, vols, barrière de la langue,
manque de concessions disponibles ont détruits leurs espoirs. Ils cherchent
maintenant au Malawi.
Nous les avons revu ce
matin, pour échanger quelques tuyaux. Nous sommes désolés pour eux, et je ne
puis cependant m’empêcher de me demander, suite à cette rencontre, combien de
milliers de personnes sont actuellement en train de chercher à s’établir au
Mozambique…
Après leur avoir dit au
revoir, nous nous dirigés vers le sud, vers ce fameux pays que nous attendons
tant de voir et de découvrir. Nous voulions faire 300km. C’était ambitieux. La
route est bonne, mais il y a tellement de monde (des piétons et des vélos
partout) qu’on ne peut jamais dépasser le 80, et qu’on est plutôt très prudent.
Nous sommes donc arrivés de nuit à Songa Bay, encore une fois.
Ca fait un peu peur, de
conduire la nuit. Trop de monde. Pas de lumière. Il faudra éviter…
24/01/07
Le lendemain, après un bon
petit déjeuner au « Red Zebra », le meilleur resto du coin (c’est pas
difficile, mais c’est mérité…), nous avons repris notre route vers le sud. Très
belle route. De beaux baobabs, des rizières. Des champs de mais à perte de vue,
dans une forêt très clairsemée de gros arbres tropicaux. En faisant le tour du
sud du lac, nous sommes tombés sur une très mauvaise piste. Nous étions
contents lorsque nous passions la troisième. Big Mama a beaucoup souffert dans
les nids de poules à répétition, mais elle demeure vaillante.
Arrivée en fin d’après midi
à Cape Clear, sorte de baie de sable coincée entre des montagnes granitiques.
Partout autour, de la verdure relativement intacte; c’est un parc national. Sur
la plage, un joli village Tonga encadré par une marée montante de campings et
de lodges. En face, c’est le lac Malawi, plus beau que jamais, avec de petites
îles verdoyantes. Nous avons tout de suite adoré le coin.
Faut t-il vraiment que nous
allions jusqu’au Mozambique ?
Après une bonne course dans
les champs, nous avons pu apprécier le résultat mirifique mais un peu petiot du
four à pizza du resto du camping… Une pizza, bien évidemment.
Pourquoi cet intérêt
démesuré pour ce plat italien, alors que nous pourrions manger des tas de
petits plats africains sympas ? Et bien parce que des tas de petits plats
africains sympas, c’est franchement dur à trouver. Voir impossible. C’est que
la nourriture africaine, dans l’immense majorité des cas, c’est pour se
nourrir. Aucune recherche culinaire. Toujours la même chose, cuit de la même façon.
En clair ce n’est pas très bon.
Rien à voir avec l’Amérique
latine ou l’Asie.
Le 22, je ne sais plus ce
que nous avons fait. Rien, je crois.
Nous avons appris à jouer au
bao, équivalent local de l’awalé. Nous avons fait une sieste. Mangé d’autres
pizzas. Admiré les aigles pécheurs, les mouettes, et les cormorans qui
passaient au dessus de nous. Regardé du tennis à la télé. Travaillé sur Big
Mama. Discuté un peu avec les gens du camping. Des locaux, dont un gars qui a
travaillé sur un programme d’éradication de la biliardioze ; un jeune
couple de docteurs australiens en chemin vers le nord du pays, afin d’y faire
du volontariat ; un jeune couple de hollandais en train de terminer un
tour du monde… C’est par ces derniers, Myriam et Stephan, que nous avons appris
que le lodge voisin appartenait à une française… de Namibie.
Ca, c’était proprement
incroyable. Il fallait que nous allions voir.
Manue a ainsi retrouvé
Josiane, une femme qui a travaillé à l’Ambassade de France de Windhoek, et a
quitté la Namibie voici deux ans. Vraiment étonnant de se retrouver là !
Elle a monté avec sa fille Nathalie un sacré lodge en, sur la plage. Nous avons
bien discuté, et nous sommes donnés rendez vous pour le lendemain.
Georges
Le 23
Réveil très tranquille
toujours au bord du lac Malawi au cap Mc Clear, petit dèj face au lac,
salutations matinales avec les beach boys de la plage qui veulent nous amener
faire un tour en bateau. Trop cher.
Passons notre matinée à flâner,
et à se protéger de gouttes de pluies énormes qui tombent d’un ciel très noir.
Et après la pluie, le beau
temps se réinstalle et nous permet de nous motiver à enfin se bouger en louant
un kayak de mer.
Et hop ! Nous voilà
partis pour une bonne après midi de pagayage, en direction de l’île voisine qui
n’est vraiment pas à côté, finalement.
Nous accostons sur cette
île, Georges part pour des explorations sous-marines qui s’avèreront bien
meilleures que les précédentes : plein de poissons, bleus, jaunes, rouges.
Vraiment magnifique et incroyable pour de l’eau douce.
Décidons de continuer et
partons pour le tour de cette île qui nous surprend par sa dimension. Surpris, on
y va quand même. Magnifique île très verte, végétation luxuriante, des aigles
pêcheurs pénards aux sommets de grands arbres surplombant le lac, des calaos
trompette avec leurs cris perturbants (imitation parfaite de bébé qui pleure).
Revenons sur notre plage de
départ après deux bonnes heures dans les bras, le soleil dans le dos, des
images plein les yeux. Trop beau le Malawi, nous aimons vraiment ce pays.
Début de soirée par une
ballade au village d’à côté dans la même baie ; les gens sont adorables,
ils nous saluent, sont curieux de notre origine, sourient facilement et c est
très agréable et surprenant.
pécheurs qui font sécher le poisson
pécheurs qui font sécher le poisson
Filons chez nos voisins du
lodge d’à côté, ils nous ont invité a dîner et à partager deux ou trois tours
de tarot. Soirée tranquille avec des gens particuliers.
Au lit.
1 heure du mat, un bruit
d’enfer. Des gens qui rigolent et qui gueulent à pleins poumons, aucun respect
pour les autres … voici nos amis bien aimés, les overlanders avec leur
gros camion. NO COMMENTS
Nuit trop courte.
Manue
Ce matin, nous avons fait
nos adieux au lac Malawi avec quelques regrets, et nous sommes redirigés vers
le sud. Nous avons déposé à la ville voisine Myriam et Stephan pour qu’ils
puissent prendre un taxi-brousse vers la capitale, puis vers la Tanzanie. La
route était mauvaise.
Encore beaucoup de petits
villages, des rivières, des lacs, et toujours ces montagnes embrumées en
arrière plan.
Je tiens d’ailleurs à
décerner aujourd’hui un trophée peu connu : celui des flics les plus
sympas au MONDE !!! Nous avons franchi plusieurs barrages de flics, et au
lieu de se faire emmerder, ils nous posaient des questions sur notre voyage,
nos origines, nous balançaient une petite vanne, nous apprenaient quelques mots
de tchitchewa. Même que ça bloquait les autres qui arrivaient derrière, et qui
devaient attendre qu’on ait fini.
Un peu avant d’arriver à
Zomba, l’ex capitale du pays, petit incident mécanique : l’accélérateur
qui reste bloqué ! C’est quand même très embêtant, en descente, dans des
montagnes… Grand moment d’interrogation… Arrivés en bas de la pente, la
solution s’est imposée : couper le contact…
route juste avant que l'accélérateur ne fasse des siennes
Il y avait évidement un
village, pas loin, et nous avons vite eu de la compagnie.
C’est Manue qui a trouvé la
panne : un ressort qui avait lâché. J’ai bidouillé une réparation avec un
ressort pris ailleurs, et nous voila repartis…
Vue d'en bas sur le plateau de Zomba
Arrivée à Zomba en milieu
d’après midi. Quelques jolis restes de l‘époque coloniale ; les parcs, les
bâtiments publics espacés, les jardins. Beaucoup de mendiants, ce qui est très
rare en Afrique : des éclopés, des victimes de la polio… Ca se bat dans la
rue. Très mauvais feeling.
Après un déluge
cataclysmique, et des rivières d’eau qui envahirent la ville, nous nous sommes échappés
vers le plateau de Zomba, dans les hauteurs au dessus de la ville. Le plateau
de Zomba est réputé pour ses paysages, pour ses panoramiques de la région
alentour. Ca monte sec, et très vite, nous entrons dans des forets de grands
conifères.
En sens inverse, de pauvres
bougres descendent d’énormes cargaisons de bois à dos d’homme ou sur des vélos qui
ne demandent qu’à partir dans la pente.
On se croirait dans les
montagnes rocheuses.
Un beau lac en arrivant sur
le plateau. Et là, un petit gars qui vend des fraises et des fruits de la
passion par saladiers entiers.
Nous essayons d’acheter des
demis ou quarts de saladiers, mais il ne comprend pas, ça le dérange un peu.
Mais on y arrive. Ce sera un délice !!!
Femme portant beaucoup de bois
Femme portant beaucoup de bois
Nous arrivons dans un campement
dans une petite combe, avec des bungalows. Nous sommes dans une grande forêt de
conifères, un peu dans les nuages. C’est très humide. Il fait frais. Quel
changement avec ce matin !
Nous prenons un bungalow,
mais il s’agit en fait d’un petit refuge de montagne, avec deux chambres, un
petit salon avec des vieux fauteuils émoussés de faux velours, des boiseries. Une
petite cuisine comme celles d’avant l’eau et le gaz, avec un fourneau. Il y a même
une cheminée dans le salon.
Nous nous sommes donc fait
une petite soirée au coin du feu. Nous avions oublié ce que c’était. Cette
bonne chaleur, le frais qui entre quand on ouvre la porte d’entrée, cette odeur
de résine brûlée qui émane du foyer, cette tranquillité… Nous touchons du bout
des doigt les soirées vosgiennes…
Georges
25/01/07
Ce matin, réveil tardif,
vers 10h. Rien de plus normal pour nous, mais pas pour Edgar, notre guide du
jour. Nous devions faire une petite marche sur le plateau de Zomba, mais sans
préciser l’heure. Selon lui, il nous attendait depuis 6h du mat. ça a donné
lieu à une petite échauffourée, et nous avons failli ne pas y aller tellement ça
nous a pris la tête.
Finalement, ça a été une
belle marche. Une rivière avec des cascades, de belles forêts de pins ou
mélèzes (sais pas), des vues splendides sur la plaine environnante, des étangs.
Très, très vert. Nous passions tantôt de la forêt tropicale humide à des
pinèdes bien européennes, avec l’odeur de la résine et le lit d’aiguilles sur
lequel nous marchions. Nous avions oublié ce que c’était…
Georges dans les hautes herbes
Des grumiers emportent leurs
cargaisons de troncs, tandis que des dizaines de gars et filles portaient sur
la tête ou sur un vélo leurs incroyables chargements de bûches.
Edgar est un exemple assez
classique en Afrique. Il a perdu ses parents alors qu’ils avaient la
quarantaine (palu, sida ?). En tant qu’aîné, il veille à ce que ses petits
frères et sœurs ne manque de pas trop et aillent à l’école. Et comme il s’est
marié, voici qu’il se retrouve écartelé avec sa belle famille qui demande aussi
de l’attention. Sans oublier ses deux enfants. Bref, ce n’est pas facile. Il en
divorce d’avec sa femme, et ça a l’air de bien le miner.
L’ambiance s’est bien
décrispée avec lui. Mais, à la fin, il est tout de même parti dés qu’il a reçu
son argent, sans demander son reste.
En fin d’après midi, petit
tour en ville. En cherchant une pizzeria, nous avons atterri dans un resto
indien au patron pas sympa. Mais comme il nous a un peu intimidé, nous avons
mangé chez lui. Mal. On ne reviendra pas, c’est sur. J’écrirai un mail à Lonely
Planet.
Nous avons fait un petit
tour au marché. Manue a agrandi son stock grandissant de tissus. Elle devient
une négociatrice hors paire. Par contre, moi, je me suis fait avoir pour des
petits ressorts pour l’accélérateur de Big Mama.
Déluge un peu avant le
coucher du soleil. Rencontre avec un couple de sudafs en land rover. Allan et
Suzy. Des sudafs sympas, je tiens à le préciser, car c’est suffisamment rare. Nous
avons passé la soirée ensemble. Ils ont tout vendu et entrepris de voyager
jusqu’au Kenya, afin de trouver un endroit où s’installer. Faisons nous partie
d’une migration ?
Je connaissais la migration
des gnous. Phénomène animalier fabuleux et unique à l’Afrique. Voici maintenant
la migration des boers et des blancs, phénomène très africain. Ils viennent de
Namibie, d’Afrique du Sud, du Zimbabwe, et ils vont tous au Mozambique et au
Malawi. Certains se perdent en Tanzanie, au Kenya, ou en Zambie, mais ça, c’est
parce qu’ils ont un GPS. Ils ont oublié leur instinct.